Le pillage consiste à extraire en dehors de tout cadre légal un objet d’intérêt archéologique ou historique. Piller se définit dans le Grand Robert par « dépouiller avec violence, en s’emparant de ce que l’on trouve à son gré, en commettant des dégâts ». C’est donc un acte où se mêlent spoliation et destruction, qui dans le domaine de l’archéologie se traduit par une perte d’informations contextuelles. Le développement de ce phénomène nécessite des mesures d’urgence pour préserver le patrimoine archéologique. Alors que dans les pays économiquement pauvres les pilleurs sont en très grande majorité stimulés par l’appât du gain, dans l’ouest de l’Europe, les motivations sont plus variées et complexes. Ce sont de petits collectionneurs privés qui sont à l’origine de la majorité des pillages en allant eux-mêmes prélever les objets archéologiques in situ. L’utilisation de détecteurs de métaux, le ramassage de surface et la fouille clandestine sont les principaux modes de prélèvement. Pour répondre à la demande de biens culturels, certains pilleurs européens se sont de surcroit professionnalisés. Aussi absurde que cela puisse paraître, la facilité d’acquérir des objets et une relative impunité caractérisent le pillage européen aujourd’hui (Compagnon, 2011). L’archéologie est une discipline inscrite dans la Cité. Si les acteurs de l’archéologie ont comme objectif de transmettre leurs recherches au public, ils devraient aussi avoir la responsabilité de l’alerter lorsque le patrimoine est ainsi mis en danger. Dans cette contribution, nous tenterons d’abord de mettre en évidence les principaux moteurs du pillage. Ils se fondent sur d’anciennes pratiques et représentations de l’archéologie toujours répandues malgré l’évolution de la discipline. Puis, nous proposerons quelques exemples sur la prise en compte et les réponses apportées à ce phénomène complexe. Informer, responsabiliser, diffuser les résultats des recherches, former et encadrer les pratiques bénévoles : les acteurs et médiateurs de la discipline sont en première ligne